L’association Les enfants de cinéma développe depuis son origine un travail de recherche et de réflexion sur l’éducation artistique et la pédagogie du cinéma.
- Chaque année, Carole Desbarats programme des films au Studio des Ursulines, Les Soirées des Enfants de cinéma. Elle organise avec les administrateurs de l’association et l’équipe permanente des journées de réflexion professionnelle comme la journée du 9 mars à l’École Nationale Supérieure (compte-rendu à télécharger).
- Les partenariats actifs avec divers organismes et associations : l’Agence du court-métrage, Le Forum des images, l’OCCE, l’ARPLE, CICLIC, etc.
- Le repérage de films contemporains que l’on peut montrer à de jeunes spectateurs grâce à la participation de l’équipe permanente à des festivals de cinéma.
- Une réflexion plus générale sur la pédagogie grâce à la participation des membres de l’association à des colloques, manifestations autour de la pédagogie et du cinéma.
Les Soirées des Enfants de cinéma
Ces soirées sont l’occasion d’une programmation au cinéma Le Studio des Ursulines autour d’une thématique en lien avec le cinéma et le jeune public.
Initiées en 1998, ces projections ont dans un premier temps eu lieu régulièrement d’octobre à juin au Forum des images, le mardi soir. Puis, à partir de 2010, elles se sont déroulées au cinéma Nouveau Latina. Présentées par Carole Desbarats, enseignante et essayiste de cinéma, ces séances sont ouvertes aux membres de l’association et au public.
Les enfants de cinéma proposent aux spectateurs de voir avec eux des films qui ne sont pas destinés à un public d’enfants et d’en parler ensemble autour d’une problématique.
En 1999, la programmation traitait le thème de la peur, et pour comprendre cette peur terrifiante, cette peur délicieuse qui saisit aussi bien les enfants que les adultes, l’association a proposé de voir des films qui la suscite chez nous … femmes et hommes respectables qui avons comme responsabilité d’accompagner les enfants et qui avons parfois envie de dire comme eux : « même pas peur ! »
Après la pudeur, la peur, Les enfants de cinéma ont élaboré un cycle centré autour de la question « le film que j’aime est-il un chef-d’œuvre ? » Pourquoi ce film précis nous touche-t-il ? Pourrait-il émouvoir quelqu’un d’autre que nous ? Mieux, serait-il susceptible d’entrer, – au moins à nos yeux – dans la catégorie « chef-d’œuvre » ? Certes, nous avons tous notre petit arsenal de critères, parfois bien organisés, parfois intuitifs. Le débat après chaque film a permis de repérer ces bricolages de pensée qui nous aident à classer les films dans notre panthéon personnel…
« À l’origine de cette programmation, une idée simple : pour pouvoir montrer, à travers toute la France, des films aux enfants du primaire, il faut les sélectionner pour eux, bref, se placer à hauteur d’enfant, c’est-à-dire très haut ! » C.D
- En 2015, le thème choisi est Des femmes
« Des femmes, différentes, en âge, en origine sociale, en implication professionnelle, des femmes filmées aujourd’hui par d’autres femmes, ou hier par des hommes. Et puis aussi, des hommes, jeunes ou pas, parce qu’ensemble, femmes et hommes construisent l’avenir » C.D
- En 2017/2018, le thème choisi est De l’audace
Programmation
Sausage Party de Conrad Vernon et Greg
Sa majesté des mouches de Peter Brook
Coeur de verre de Werner Herzog
Corps à coeur de Paul Vecchiali
La chinoise de Jean-Luc Godard
Level five de Chris Marker
La jeune fille sans main de Sébastien Laudenbach
La barbe à papa de Peter Bogdanovich
Zéro de conduite de Jean Vigo
- En 2016/2017, le thème choisi est Les Récits du mal
Programmation
S21, la machine de mort khmère rouge de Rithy Panh
Full Metal Jacket de Stanley Kubrick
Después de Lucía de Michel Franco
Monsieur Verdoux de Charles Chaplin
Ponette de Jacques Doillon
La Haine de Mathieu Kassovitz
A Touch of Sin de Jia Zhangke
L’homme qui tua Liberty Valance de John Ford
- En 2015/2016, le thème choisi est L’Autre :
Programmation
The Kid de Charlie Chaplin
Jiburo de Lee Jung-hyang
La vie est immense et pleine de dangers de Denis Gheerbrant
Boudu sauvé des eaux de Jean Renoir
Jason et les argonautes de Don Chaffey
E.T. de Steven Spielberg
Où est la maison de mon ami de Abbas Kiarostami
Wajda de Haifaa Al Mansour
La prisonnière du désert de John Ford
« Voir un film, c’est aussi vivre l’expérience d’une croyance accordée, parfois refusée, à un récit: si j’accepte ce qui m’est proposé, je baisse la garde sur ce qui dans la réalité me rendrait sceptique. Et pourtant, dans le même temps, je ne doute pas me trouver devant une représentation. Dans ce cadre, voir l’autre comme un autre soi-même fait partie de ce vécu, si toutefois le cinéaste ne filme pas ses personnages avec condescendance ou distance. On a aussi pu nommer cela s’identifier à…
Du coup, si pour inverser la formule, et que l’autre soit moi pendant la durée de la projection, le film m’offre une échappée sur ce que je ne suis pas, sur ce que ne connais pas aussi intimement que moi-même, un célibataire qui adopte un orphelin, un enfant atteint d’un cancer, une petite fille saoudienne…
Au spectateur de continuer à faire vivre cette ouverture en lui au sortir de la salle.
Cette expérience, Les enfants de cinéma la proposent depuis plus de vingt ans déjà à plus de 750.000 enfants à travers tout le territoire, en leurs montrant de beaux films dans un cadre privilégié, celui de la salle de cinéma. Et il ne s’agit pas de «films pour enfants» mais bien d’œuvres cinématographiques remarquables, voire de chefs d’œuvre du 7ème art. C’est pourquoi pour cette saison 2015-2016 où le Studio des Ursulines accueille à nouveau le cycle de films programmé par les Enfants de cinéma, nous avons décidé, en accord avec Florian Deleporte, responsable de la salle, de ne choisir que des films figurant parmi les œuvres réunies dans le catalogue d’École et cinéma. Autant dire, montrer à un public de tout âge les œuvres que nous présentons pendant l’année scolaire aux élèves du primaire: si justement ces films ont été choisis à l’intention des enfants pour leur qualité artistique, ils peuvent aussi nourrir la sensibilité et la réflexion des adultes. Autrement. L’émotion esthétique permet un regard différent, et dans le meilleur des cas, elle régénère la perception que nous avons du monde et des autres. Ainsi, la liberté d’un homme déclassé que le bourgeois méprise (Boudu sauvé des eaux), la générosité d’une vieille femme illettrée envers son petit fils capricieux transplanté de Séoul dans la montagne (Jiburo), le sens moral d’un écolier iranien (Où est la maison de mon ami ?), le racisme d’un cavalier solitaire (La Prisonnière du désert) et cinq autres films projetés le premier mardi de chaque mois nous donneront l’occasion, d’une culture l’autre, d’un milieu social l’autre, d’un âge l’autre, de partager nos réflexions après les projections. » Carole Desbarats.