École et Cinéma Maternelle – historique du projet

École et cinéma-Maternelle – Historique du projet

2007 – 2018

La question des cycles 1 au sein des enfants de cinéma

 

En 2007 lors de la Rencontre nationale à Strasbourg, un premier atelier autour du cinéma en cycle 1 animé par Annie Fourré (administratrice) et Denys Clabaut (coordinateur cinéma),  invitée : Marie-Hélène Malandrin, psychanalyste et pédagogue, co-fondatrice de La Maison Verte à Paris.

Marie-Hélène Malandrin:

-Le cinéma peut être très riche pour l’organisation de la pensée de l’enfant.

-Il est important d’être exigent sur ce qu’on voit, entend.

-On introduit l’actif pour l’enfant contrairement à la passivité devant la télévision.

-Renversement de la passivité vers l’appétit;

-Travail également autour de la langue grâce au cinéma.

Cet atelier fait un état des lieux des pratiques de certaines salles dans différents départements autour du très jeune public (Seine et Marne, Puy de Dôme, Yonne, Bouches du Rhône, Festival « Plein la Bobine de La Bourboule, UFFEJ à Epinay, Indre et Loire…)

L’accent est mis sur la qualité de l’accompagnement proposé aux plus jeunes spectateurs et à leurs enseignants.

Commission nationale : présentation par Annie Fourré de l’atelier de Strasbourg.

Officialisation pour nos tutelles de notre réflexion autour du cycle 1

 

En 2010 lors de la Rencontre nationale à La Roche sur Yon, un nouvel atelier  est consacré à la question des cycles 1 (animé par Perrine Boutin et Annie Fourré, administratrices). Le débat est plus théorique, alimenté par des textes de Serge Tisseron et de Marie Bonnafé (psychiatre, psychanalyste, co-fondatrice d’A.C.C.E.S.- Association Culturelle Contre les Exclusions et les Ségrégations).

« Il [le bébé] n’est pas menacé, comme on le croit parfois, de confondre la réalité qu’il voit avec “la réalité”. En revanche, la compréhension qu’il a de cette ditinction ne lui permet pas de transformer automatiquement les émotions qu’il éprouve en course de plaisir. Toute excitation intense qui menace d’envahir et de déborder la personnalité est en effet perçue comme une menace, et l’enfant doit donc apprendre d’abord à la circonscrire et à la maîtriser, bref, à la contenir. »

« Nos diverses expériences d’images obéissent à la même dynamique : leur assimilation nécessite toujours de nommer ce qu’elles nous font éprouver, d’énoncer les idées qu’elles appellent et de le faire éventuellement plusieurs fois. Les images sont en effet peut-être des illusions, mais nos expériences d’images, elles, sont bien réelles. »

Serge Tisseron, Les bienfaits des images, Paris, Odile Jacob, 2002

«  Les images d’aujourd’hui ne sont pas plus terrifiantes que les contes de fées de jadis, mais leur impact est en effet souvent différent… bien que cela n’ait rien à voir avec le fait qu’elles soient vues plutôt que rencontrées. La différence pricipale réside en effet dans l’attitude des adultes qui accompagnent les enfants dans les deux circonstances.

Dans les contes racontés aux enfants, en effet, les parents ne se laissent jamais gagner par le caractère angoissant de leur récit. […] Autrement dit, le conteur suscite chez son auditeur des images terribles, mais il lui impose en même temps le repère de sa propre attitude pour surmonter sa peur.

[…] C’est pourquoi un enfant peut très bien regarder des images qui lui font peur à condition que le parent joue à ses côtés le même rôle que celui qui lit un conte : qu’il soit pour lui une présence “contenante”. […] les petits ont besoin d’un interlocuteur plus encore que les grands. L’adulte “contenant” est celui qui écoute l’enfant raconter ce qu’il imagine, rêve, redoute ou désire. Il lui permet d’assimiler ce qui est nouveau pour lui en l’accompagnant dans les transformations qu’il en fait. »     

Serge Tisseron, Manuel à l’usage des parents dont les enfants regardent trop la télévision, Paris, Bayard, 2004

 

 En octobre 2010 le Groupe de Réflexion des Enfants de cinéma invite Serge Tisseron.

– Problème du besoin de bouger des enfants : le problème avec les images, c’est de ne pas bouger son corps. Il est plus important avant 3 ans de bouger son corps que de regarder des images.

– La mémoire chez les petits est fugitive (sauf la mémoire relationnelle). Il peut voir un film en boucle.

-Problème des liens entre les évènements chez les enfants : comment gérer montage son + images.

– « Théorie de l’esprit » : avant 4 ans, l’enfant n’est pas capable de comprendre qu’il y a des points de vue qui dépendent de l’expérience du monde. (cf le livre  de S. Tisseron sur  l’empathie ). Pour lui, il y a forcément quelqu’un qui se trompe et donc qui est méchant.

– Serge Tisseron pense qu’il est important de regarder les films avec les enfants, c’est « l’attention conjointe » qui structure l’enfant (il parle surtout de la télévision), de demander aux enfants de parler des images qu’ils ont vues.

On pourrait imaginer un « baptême de cinéma » pour les petits, montrer le projecteur, la salle, l’écran, et « ritualiser » la salle, l’avant, l’après.

 

 En janvier 2011 le Groupe de Réflexion des Enfants de cinéma invite Daniel Andler.

Daniel Andler travaille au Département d’études cognitives, le DEC, à l’Ecole Normale, qui est un département à cheval entre les sciences et les lettres.

Ouvrage de référence : Daniel Andler (dir.), Introduction aux sciences cognitives, Folio Essais, Paris, 1992, 2004 pour l’édition augmentée (destiné à un public plus averti).

Est-ce qu’on peut montrer des films à des tout-petits ?

Daniel Andler explique que la cognition du cinéma existe chez les tout petits, c’est la perception des images mouvantes (reconnaissance et mémorisation essentiellement), ou encore les sciences de la vision, avec une intégration multimodale (le son…).

L’enfant est riche d’un ensemble de dispositions et de pré-dispositions. Le répertoire cognitif de l’enfant est large, la structuration générale est présente très tôt. (+ existence de certains objets, par exemple le fluide, ou encore la perception de la trajectoire…). Donc un équipement est présent dès la naissance, mais un autre se met en place rapidement.

Les enfants sont enfermés dans une coquille d’inertie motrice alors qu’ils captent ce qu’il se passe Ils sont dans une immaturité motrice par rapport à l’intellect.

La cognition sociale (aptitudes que nous utilisons dans nos liens à autrui) : ces capacités sont présentes très tôt, chez le très jeune enfant. Elles jouent un rôle fondamental pour que les enfants « apprennent de nous » . Ceci ouvre par exemple une voie de recherche autour des enfants handicapés : n’ont-ils pas de quoi avoir « l’attention conjointe » ?

L’enfant n’est pas seulement une machine à apprendre, il a des capacités différenciées qu’on appelle des « modules » . Il a un développement « modulaire » : ses capacités se développent avec des composants « fondamentaux » qui se combinent.

Dès l’âge de ¾ ans, les enfants développent une « théorie de l’esprit » : capacité qu’a l’être humain de considérer que l’autre a un esprit (désirs, croyances etc… qui peuvent être différents des siens ).

Comment les enfants acquièrent-ils cette théorie de l’esprit ? soit l’enfant se comprend d’abord et se met ensuite à la place de l’autre, soit l’enfant se met d’abord à la place de l’autre et se comprend ensuite.

 

Enfin en 2013 lors de la Rencontre nationale à Narbonne, un dernier atelier est consacré à la question des cycles 1. Cet atelier met en lumière l’attente très forte du terrain d’un dispositif national et des programmes différents de ceux distribués dans les circuits classiques.

 

Ces différentes étapes et la modification des cycles à la rentrée 2014 mènent les enfants de cinéma à la préfiguration d’un dispositif appelé provisoirement Maternelle et cinéma.

 

En 2013/14 un groupe de travail se met en place autour d’un projet Maternelle et cinéma qui sera appelé École et cinéma-Maternelle, composé de membres du bureau, d’administrateurs, du Délégué général et de membres de l’équipe permanente. Ce groupe de travail réfléchit sur la spécificité de ce public, la manière d’accompagner les films, l’accueil des enfants par les salles, quels films montrer à ce jeune public, et sur la formation des enseignants. Des professionnels du cinéma et de l’éducation nationale ainsi que des personnalités travaillant autour de la littérature-jeunesse sont régulièrement invitées.

 

En 2016/17 un Comité École et cinéma-Maternelle se met en place pour choisir et valider les programmes.

Nous pensons qu’il est indispensable qu’un Comité École et cinéma-Maternelle (en l’absence d’Instance nationale) puisse visionner les programmes pressentis et donner son avis, l’entrée des films dans le catalogue engage en effet les Enfants de cinéma. Ce Comité est composé de membres du bureau, d’administrateurs, du Délégué général et de membres de l’équipe permanente, et peut inviter des personnalités du cinéma ou de l’éducation nationale à donner leur avis.

 

En 2017 lors de la Rencontre nationale de Grenoble, présentation de l’expérimentation.

En Juin 2018 présentation du projet et de l’expérimentation à la DGESCO

 

Le projet expérimental École et cinéma-Maternelle

En 2014/15 le projet École et cinéma-Maternelle démarre à titre expérimental dans 7 départements, puis 4 départements se sont ajoutés à la rentrée 2015, et 16 nouveaux à la rentrée 2016.

Les programmes

En 2014/15, deux programmes font partie du catalogue : Le Temps qu’il fait , programme créé par Les enfants de cinéma avec 1 Buster Keaton (La Maison démontable) entouré de 2 court métrages, La petite Fabrique du Monde programme de 6 court métrages  et un troisième programme choisi par les départements.

En 2015/16, deux autres programmes de courts métrages entrent dans le catalogue : La Boîte à Malice, programme de 5 courts métrages de Yamamura et Jeux d’Images -petite forme, programme de 5 courts métrages de Mc Laren.

En 2016/17, 4 nouveaux programmes entrent au catalogue.

Le site des enfants de cinéma

Pour accompagner ces programmes, les enseignants peuvent trouver sur le site des enfants de cinéma des jeux de photogrammes téléchargeables, un Point de vue (comme dans les Cahiers de notes…), une bibliographie qui établit une liaison entre cinéma et littérature jeunesse, établie par l’ARPLE, (association qui travaille depuis longtemps avec École et cinéma), le Cahier des charges.

L’accueil des enfants dans la salle

L’accent est mis sur l’accompagnement des salles et une charte est en ligne pour l’accueil des enfants dans la salle.

La Carte Postale

La Carte Postale imprimée sur papier est maintenue et bien sûr distribuée aux enfants.

Les prévisionnements

Pour la formation, les programmes courts favorisent un prévisionnement de tous les programmes en une seule fois.

Les droits

Les droits sont négociés comme pour École et cinéma.

Le cahier des charges

Pour le moment, dans le Cahier des charges, il est prévu deux séances de cinéma dans l’année pour les petites sections, en insistant bien sur le fait que la découverte de l’expérience de la salle va prendre une place au moins égale à ce qui est vu, deux ou trois pour les moyennes sections, et trois pour les grandes sections avec possibilité de voir un programme cycle 2 au troisième trimestre.

 

En conclusion

Ce dispositif semble fonctionner de la même façon qu’École et cinéma, mais avec une plus grande souplesse sur le nombre de films, et la possibilité pour les grandes sections de voir un programme du cycle 2.

Des spécificités sont soulignées pour le cycle 1 : accueil dans les salles, accompagnement (plus de photogrammes, pistes pédagogiques adaptées…)

Travail de liaison avec la littérature de jeunesse.

Développement du travail avec les parents.